
J’adore les beaux objets. Ils m’inspirent. Me font réfléchir. J’aime me dire : « Comment pourrait-on faire vivre cet objet autrement ? Comment pourrait-on le rendre magique ? ». Une pièce peut grossir, changer de couleur… Au lieu de simplement voyager comme souvent en magie, elle pourrait s’étirer, devenir molle, absorber d’autres objets en elle… J’essaye de donner à l’objet, quel qu’il soit, la chance de devenir autre chose. J’essaye d’en oublier les limites.
Et quand j’ai trouvé quelque chose qui me semble digne d’intérêt, je suis content de moi quelques heures ou quelques jours, jamais plus. Parce que ce qui me plaît plus que tout, ce n’est pas tant de trouver que de chercher. Finalement « trouver », ce n’est pas mon but, même si cela m’apporte une certaine satisfaction sur le moment. C’est ce qui m’a permis de toujours trouver des choses nouvelles : j’aime profondément chercher. J’aime être dans la quête. Tant mieux si cela donne quelque chose. Tant pis si ce n’est pas le cas.
Je me retrouve sans cesse dans la peau de ce jeune homme de vingt-deux ans que j’étais quand j’ai trouvé « L’Imprimerie » par exemple et que j’ai commencé à comprendre que ma vie serait dans cette quête infinie de magie « nouvelle », bien au-delà même de ma vie d’artiste.
La page blanche est un mur sans cesse infranchissable. La route est toujours parsemée d’embûches, car la recherche nous fait douter à tout moment de nos compétences, de nos capacités… Mais ce qu’il faut se dire c’est que, si peu de gens persistent dans cette voie, c’est justement à cause de ces problèmes. Ils se découragent, c’est tout. Tout est question de pugnacité, d’opiniâtreté, de constance… Il faut s’accrocher et ne jamais oublier que le chemin du créateur a toujours été un chemin solitaire. Il le restera. Mais c’est normal !