Tout au long de l’année, tous les jours, toutes les heures je pense magie. Que je sois dans une phase de décontraction, en visionnant par exemple un film (300 par an) ou en lisant un bouquin (une trentaine par an), ou que je sois en train de « travailler » en regardant des vidéos de magie, ou en reprenant d’anciennes notes personnelles, ou en écrivant des textes et des mises en scène, ou en me produisant à droite et à gauche, je réfléchis sans cesse à la façon dont je pourrais progresser.
La magie est bien plus que mon « travail », vous l’avez compris. C’est ma vie tout entière. Ma passion. Trouver une nouvelle réplique, améliorer un effet ou une technique, changer un bout de scénario, écrire un nouveau spectacle, imaginer un nouveau concept… tout est prétexte à la recherche du « mieux ».
À cela s’ajoutent mes rencontres avec les objets. Je ne parle pas d’objets de magie ! Je parle de ces objets qu’on trouve dans n’importe quelle boutique et qui ne demandent qu’à devenir magiques au propre ou au figuré, avec un peu d’imagination…
On me demande souvent comment j’ai créé ceci ou cela, mais cela ne se passe pas forcément comment on pourrait l’imaginer. Je crois que c’est un mélange assez mystérieux entre une démarche très active (je n’arrête jamais de réfléchir) et passive en même temps (quand je trouve quelque chose, c’est presque à mon insu).
Exemple type : je suis en train de réfléchir sur un tour de pièces. Je les tripote. Je me remémore ce que je connais, sans faire de recherches précises sur ce que je connais (nuance énorme), puis je m’aperçois qu’aujourd’hui les pièces ne me font pas vibrer… Je ne sens rien qui vient. Alors je me cantonne à écrire sur mon carnet de notes le peu de choses que j’ai relevées pendant cette petite exploration et je laisse de côté mes pièces. Je passe à autre chose sans plus attendre, parce que si quelque chose d’intéressant était venu, je l’aurais senti me traverser. Quelque chose de fort se serait passé en moi, sans que je le cherche à tout prix. C’est ainsi que certains tours me prennent littéralement des années pour être « résolus ». Ils me hantent, me hantent, même dans mon sommeil, jusqu’à ce qu’un jour la solution m’apparaisse comme par miracle. Parfois en me réveillant d’ailleurs. J’ouvre les yeux en me disant : « J’ai trouvé ! » et je n’ai qu’une hâte, c’est d’attraper mon jeu de cartes pour tester la trouvaille. De toute façon, créer, c’est trouver ce qui se cache derrière nos habitudes, au-delà de nos conventions et de nos connaissances habituelles. C’est explorer l’inconnu.
