Interviews

Interview quatrième partie : Si c’était à refaire

Cette interview a été réalisée par Dorian Chauvet, grand neurochirurgien, dans le cadre de son livre sur « La main intelligente », qui recueille le témoignage écrit de nombreux artistes, artisans et professionnels divers se servant de leurs mains. Notamment un cuisinier (Thierry Marx), un pianiste (Alexandre Tharaud) mais aussi plusieurs Meilleurs Ouvriers de France : graveur, verrier, calligraphiste, un coutelier…

Que referais-tu différemment dans ton apprentissage et ton parcours de magicien ?

Rien. Ce sont les interactions humaines qui m’ont forgé et m’ont permis de passer d’un statut inexistant à ce que je suis aujourd’hui. Mais on a essayé un temps de me mettre des bâtons dans les roues (sûrement parce que j’étais assez anticonformiste, donc j’étais un peu le mouton noir), en m’empêchant d’avoir accès aux connaissances apportées par les grands magiciens de l’époque. Alors, sur le moment, ce n’était pas agréable, mais finalement ce fut une chance : j’ai compensé ma solitude par un travail acharné et une recherche extrême de créativité. J’avais ma combine pour progresser tout seul. J’imaginais par exemple que Derek Dingle, le plus grand magicien de l’époque au niveau des cartes, venait assister à un de mes tours. Et je bossais dans l’idée de pouvoir le bluffer. J’ai fait cela très longtemps. Plus tard, j’ai pu réellement rentrer en contact avec les plus grandes pointures de la magie, par exemple Fred Kaps ou Ricky Jay, avec lequel je suis devenu ami. Et ces magiciens m’ont fait l’honneur de me demander de leur expliquer mes tours. Le petit con que j’étais, quasi-illettré, avait quand même réussi à devenir quelqu’un.

En plus de la magie, dans mon parcours, il y a eu aussi les arts martiaux, que ce soit le judo, le karaté ou l’aïkido. Quand je me suis lancé vraiment dans la magie vers la vingtaine, j’ai arrêté les arts martiaux pour plusieurs raisons : d’abord la plupart des types venaient pour se défouler stupidement et ensuite c’était dangereux pour mes mains. Mais j’ai gardé toute une codification liée à ces arts martiaux dans ma pratique de la magie : le tatami est devenu le tapis vert, l’adversaire s’est transformé en spectateur que je vais séduire et faire rire, et la prise d’énergie de l’autre - technique développée en aïkido - s’est convertie en détournement d’attention que tout magicien utilise.. 

Afficher plus

Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page