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Interview troisième partie : L’apprentissage

Cette interview a été réalisée par Dorian Chauvet, grand neurochirurgien, dans le cadre de son livre sur « La main intelligente », qui recueille le témoignage écrit de nombreux artistes, artisans et professionnels divers se servant de leurs mains. Notamment un cuisinier (Thierry Marx), un pianiste (Alexandre Tharaud) mais aussi plusieurs Meilleurs Ouvriers de France : graveur, verrier, calligraphiste, un coutelier…

As-tu ressenti dès le début une forme d’aisance manuelle, de don ou au contraire t-a-t-il fallu beaucoup travailler pour acquérir ta dextérité actuelle ? Et distingues-tu la part transmise par un ou plusieurs mentors de la part acquise en pur autodidacte ?  
Je ne pense pas qu’il faille un don pour y arriver en magie. Moi je crois au travail, à la ténacité et même au côté besogneux de l’apprentissage.  Au tout début, techniquement et manuellement, j’étais très mauvais. Même maintenant je ne me considère pas comme doué techniquement. Par contre, là où j’ai pu être doué en quelque sorte, c’est en me disant que je ne l’étais pas. Du coup j’ai travaillé beaucoup plus que d’autres. D’abord auprès de mon premier mentor Renélys, qui était à la fois camelot et magicien et qui était installé en bas de chez mes parents, Cours de Vincennes, durant toute la période de la Foire du Trône. Puis à l’école, où je suis peu allé d’ailleurs, mais où j’amusais beaucoup la galerie avec mes tours. Puis, quand je me suis vraiment lancé pleinement dans la magie, à l’âge de 22 ans et que, pour commencer, j’ai rencontré Gaëtan Bloom. Au début je ne connaissais rien à rien, mais j’ai tellement travaillé ce qu’il me montrait (vraiment comme un fou) qu’au bout de quelques mois, c’est presque à moi qu’il demandait des conseils… Pourquoi ? Parce qu’à chaque tour qu’il me montrait, la soirée et la nuit suivante, je le travaillais encore et encore, je le décortiquais, je le peaufinais, au point de le réinventer totalement. Petit à petit c’est comme ça que j’ai fini par inventer mon propre univers, ma propre magie. Donc je dirais que c’est quand même la débrouille qui m’a fait et que je suis une sorte d’autodidacte. J’avais accès à très peu d’informations, donc chaque partage avec mes pairs valait de l’or et surtout me poussait à l’exploiter à fond et à ma manière, seul dans mon coin. Par contre certains magiciens que j’ai pu rencontrer au fur et à mesure de mon évolution (Freddy Fah par exemple dans mes débuts) m’ont surtout aidé dans le sens qu’ils m’ont donné confiance : voir leurs yeux briller quand je leur montrais des choses m’a permis d’exister et de me figurer que c’était possible. Ils m’ont ouvert un accès psychologique du genre : “après tout t’es pas plus bête qu’un autre, tu peux y arriver”. 
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Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

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