Par défaut

MAGIPHAGEUH N°65 : Gérer les réactions des spectateurs

Quand on débute en magie, on est évidemment sans cesse victime des réactions verbales intempestives de nos spectateurs. On les subit et… c’est terrible ! Il y a toujours le fâcheux de base qui n’arrête pas de vous interrompre, le coup du môme qui ramène la couverture à lui… Les nuisances sont plus que nombreuses et ça rend fou, non ? Mais, petit à petit, on comprend que, là aussi, tout est question de travail et on comprend que cette impression d’impuissance revient finalement la plupart du temps à un manque de compétence. Ce qu’on oublie trop souvent, c’est que le bagage « verbal » est tout aussi important que le bagage technique. Les deux sont parfaitement indissociables. En fait, l’idée, c’est déjà de s’habituer à côtoyer sans interruption les nuisances naturelles que le spectateur tente de nous imposer. Un peu comme des bruits parasites dans la vie de tous les jours qui ne cessent de nous perturber mais que nous parvenons à ignorer… à force de devoir les subir. Ensuite, il faut trouver des parades pour que, grâce à un certain nombre de techniques (scénario, texte, mise en place d’un personnage, répliques préparées en fonction de telle ou telle réaction…), notre prestation ne soit pas « endommagée » par ces nuisances, mais au contraire en sorte grandie ! C’est là que cela devient passionnant… Car, à force de travail et de détermination, on parvient à maîtriser bien plus que ses propres techniques (c’est le minimum), on peut enfin arriver à maîtriser le spectacle dans son ensemble… c’est-à-dire réactions des spectateurs comprises ! Selon moi, le principal atout dans ce sens, c’est de créer un personnage : jouer un rôle, permet d’installer la distance nécessaire pour créer un espace qui est à nous, c’est-à-dire un espace dans lequel on est le maître du jeu. Quand on comprend ça, c’est le début du bonheur, car on n’est plus à la merci des uns et des autres. On peut s’exprimer et jouer véritablement avec les spectateurs… ce qui est totalement différent de les subir ! Cela ne nous empêche pas de rester en partie ce que nous sommes « hors magie », mais travailler un personnage, c’est la clé d’un certain épanouissement artistique si je puis dire !

Photo : Jean-Luc Müller
Afficher plus

Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

Articles similaires

4 commentaires

  1. bonjour, MONSIEUR Dominique DUVIVIER

    Quand on débute en magie on ne ce rend pas de suite compte de l ‘ importance d incarner un personnage. A fin de rendre son spectacle plus captivant pour son publique. En effet incarner un personnage et bien plus difficile qu ‘une LD.ETRE OU NE PAS ETRE ACTEUR DE SON SHOW.
    MERCI A VOUS

  2. Salut Dominique,
    Petit ajout à ce que tu amènes ici : on se rend très vite compte que ce sont les réactions des spectateurs qui donnent de la couleur à la magie qu’on leur propose ! Comme il me semble te l’avoir entendu dire, il me semble qu’une prestation magique, en close-up encore plus particulièrement, est un travail d’équipe ! Si l’osmose entre l’artiste et l’assistance est au beau fixe, alors la magie qui se produira dans ce cercle va s’en trouver grandie de façon exponentielle ! Le magicien (un peu comme une diégèse au cinéma) plante quelques graines précieuses dans les imaginaires des spectateurs, et le temps de la prestation celles-ci seront arrosées tantôt par l’artiste tantôt par le public et elles donneront par ce concours une plus grande et fertile plante que si seulement un seul des deux s’attelle à cette tâche !
    Qu’en penses-tu ?
    Amicalement
    Romain

    1. La magie comme un partage plus qu’une demonstration, quitte a basculer de l’aventure à la comédie?
      Les remarques des spectateurs sont souvent le terreau d’une écriture fertile.

  3. Quoi de mieux dans ce cas que d’être dans la fosse aux lions en tant que professeur d’une discipline d’enseignement général, en lycée professionnel pour s’y préparer. Les élèves se permettent n’importe quoi, en restant gentils, mais en insistant bien quand même, en jouant la guerre des nerfs, parfois. Et si je veux que se pose un problème : je leur demande de travailler, de se taire et de s’asseoir. Pire encore : d’avoir leur matériel !
    La seule clé possible pour s’en sortir n’est certes pas d’être le flic froid et impitoyable, mais plutôt d’être ce personnage joué, pas si éloigné de ma vraie nature. En tout cas aimer le contact, car, au fond, si je considère la situation comme si j’étais à un mariage, alors les choses deviennent plus supportables.
    Il paraît que lorsque la préparation est difficile, la guerre est facile… OK : je souhaite devenir magicien, après 25 ans de ce type de public, pour avoir en face de moi des gens qui sont intéressés par des merveilles…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page