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Modus Operandi

 

Je suis un fanatique de l’entraînement, qu’il soit d’entretien, de mécanique ou de recherche.

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Dominique_DUVIVIERMon entraînement « Entretien »

Si je n’ai pas de prestation à assurer le soir, j’en profite toujours pour m’occuper d’un sujet « conflictuel » en ce moment pour moi : je l’appelle ainsi tant qu’il n’est pas « vaincu ». Il peut s’agir d’un objet, d’une technique ou d’un tour que je n’arrive pas à intégrer suffisamment à mon goût. Je fais alors vivre tout mon être et en particulier mes doigts avec ce « sujet » jusqu’à ce qu’il devienne une seconde nature. Certains « sujets » m’ont pris des mois, voire des années pour les posséder pleinement ! Par exemple mon interprétation de la routine d’Albert Goshman : avoir vraiment le sentiment de rentrer dans sa peau, tout en restant moi-même, m’a littéralement obsédé et m’a pris un temps assez démesuré. Il a fallu adapter mon corps, mes mains, ma gestuelle, moduler ma rythmique et intégrer des objets pour le moins inhabituels pour moi comme les fameuses salières.

 

Mon entraînement «  Mécanique » 

En revanche, si j’ai un spectacle prévu pour le soir, je m’emploie alors à remettre dans ma mémoire « vive » un certain nombre de gestes pour qu’ils « coulent » convenablement lors de la prestation. Je ne pars jamais du principe que « c’est bon, je connais par cœur mon spectacle ». Donc j’applique systématiquement ce que j’appelle mon entraînement « mécanique ». La « mécanique » ici veut dire qu’il faut pouvoir être libéré de toute contrainte technique interne à la routine pour pouvoir donner autre chose. Cette « autre chose », c’est la présence avec le public, être capable de rire et d’embarquer avec lui dans le voyage qu’on lui propose. C’est être capable de se livrer complètement à lui, au delà de l’aspect purement technique, qui est pourtant forcément très contraignant. Pour rendre encore plus efficace cet entraînement dit « mécanique », j’ai trouvé une piste particulièrement intéressante: avant le show, je répète l’ensemble de mes gestes techniques, mais sans le texte (que je connais parallèlement par cœur, bien évidemment) et je demande à une ou deux personnes de mon entourage le plus proche de discuter avec moi de choses importantes, mais qui n’ont rien à voir avec le spectacle que j’effectue devant eux (et moi !). Si je ne perds pas le fil de mon enchaînement, je sais que je serai assez performant ce soir, car j’aurai su m’extraire de moi-même et de l’aspect purement technique qui occupe mon corps. Je sais que, lorsque viendra l’heure du spectacle, je n’aurai jamais à me dire: « Qu’est-ce que je dois faire à présent ? ». Et je saurai être à l’écoute de tout ce qui va se dérouler ce soir (et que j’ignore encore) pour donner un spectacle vraiment vivant, débarrassé d’un état routinier qui ferait basculer la prestation dans une démonstration de « trucs », sans grand intérêt à mes yeux. Cela représente un travail colossal, je l’avoue, comment obtenir quelque résultat sérieux sans un travail aussi opiniâtre ? Je ne pense pas que ce soit possible.

 

Mon entraînement  « Recherche » 

Pour terminer, je m’astreins aussi à mettre au point un certain nombre de créations mensuelles et annuelles pour éviter de me satisfaire d’un stock d’éléments déjà aboutis, mais qui n’ont aucun intérêt pour continuer d’évoluer. Savoir que je possède des tours, voire des spectacles entiers en quantité, ne calme pas ma soif de chercher, de bricoler sans cesse, d’ouvrir de nouveaux horizons, de m’aventurer dans de nouveaux chemins… Ce sentiment d’être un perpétuel débutant au regard de tout ce qu’il m’est encore permis d’explorer, me procure un tel bonheur et un tel frisson que, tant que je serai en vie, rien ne m’enlèvera cette envie de me remettre en danger. Dans cette optique, tous les moyens sont bons pour travailler de nouvelles choses : de nouveaux objectifs ou de nouveaux événements que je prévoie avec ma fille Alexandra au Double Fond, un objet saisi quasi au hasard et que je m’oblige à rendre magique d’une façon ou d’une autre, des sortes de « défis » que je me fixe pour aller plus loin que telles ou telles techniques ou tours déjà existants, un tour de « commande » que je dois créer…. Bref, chaque jour je travaille des choses nouvelles, je les montre à ma fille Alexandra et chaque semaine j’enregistre l’état de mes recherches pour les consigner. Souvent ça me réveille la nuit ou je pétille tellement que je suis incapable de dormir. Mais peu importe, je prends mon pied !

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Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

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5 commentaires

  1. Le texte connu parfaitement est une bonne base à la réussite d une prestation magique. Mais j ai encore des échecs ( Plus liés aux conditions de présentation ! )
    Soit je gagne, soit j apprends !

  2. Bonjour M. Duvivier,

    J’aimerais vous rencontrer pour vous entendre répondre à une centaine de questions. Je n’en poserai qu’une, vous évitant les 99 autres: « si vous deviez comparer votre métier à un autre qui ne soit pas un art, lequel ce serait? »
    Je vous souhaite une bonne semaine.

    Anatole Dizet

  3. MERCI pour ce partage .J aime beaucoup l entrainement gestuelle tout en parlant d autre chose pour se consacrer au public. une piste intéressante ;merci encore pour ces lumières.

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