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Tout se joue avant 16 ans…

On ne cesse de lire partout que « Tout se joue avant 16 ans ». Comme si notre « carcasse » emmagasinait une fois pour toutes une bonne sommed’informations dans ses jeunes années et qu’ensuite, plus rien. Nada ! Le Désert de Gobi. C’est un peu fort, non ?

Le problème, c’est que cette théorie est soutenue par des personnages que je respecte au plus haut point (notamment Georges Simenon dans ses mémoires ou Jacques Brel dont j’écoutais une interview encore tout récemment). J’ai donc commencé à cogiter sur le sujet, en partant du principe qu’une idée, même si elle s’avère erronée, est toujours bonne à étudier…

Il est vrai qu’un être humain semble bien se construire – mentalement s’entend – de 0 à 16 ans. Un certain nombre de déclics, de hasards ( ?), de concours de circonstances jalonnent la vie des enfants et décident bien souvent de leur futur.

Moi, vers mes 16 ans...
Moi, vers mes 16 ans…

Moi ce fut notamment le camelot/magicien Renélys. J’étais un petit garçon et je l’ai croisé sur son stand qui se trouvait être juste en dessous de mes fenêtres pendant la Foire du Trône (cell-ci se déroulait à l’époque Cours de Vincennes où j’ai passé mon enfance). Ce vieux monsieur tant passionné… Comment pouvait-on être si pétillant et si vieux à la fois, ai-je dû me dire du haut de mes 8 ans !? Je passais des heures à le regarder et je le suivais partout où je le pouvais. Pour le petit bonhomme que je devenais, être fasciné à ce point par un homme plutôt âgé (à l’époque, à 60 ans, on était déjà considéré comme un vieillard) et qui travaillait dans la rue, ce n’était vraiment pas banal, voire plutôt mal vu ! Car, dans les années 50, travailler dehors, c’était presque faire l’aumône. Autant dire que mes parents étaient assez mitigés sur mon rapport avec ce vieil homme. Magicien certes, mais bon ! Ce n’était pas très valorisant de côtoyer cette personne qui risquait de mettre de mauvaises idées dans la tête du cher bambin que j’étais ! Déjà mauvais élève à l’école dans ces années (comme quoi les bonnes choses commencent très vite…), j’étais en train d’entrer dans un monde de saltimbanques et, pour mon père, c’était hors de question. Enfin bref, au grand dam de mon entourage, la magie seule m’intéressait et ce n’était que le début… Alors voilà, sans Renélys par exemple, qui a accompagné toute mon enfance, je ne serais pas celui que je suis devenu. Je me suis bel et bien construit de 0 à 16 ans, comme tout le monde.

Pourtant, on connait tous des exemples de personnes qui ont commencé à apprécier la magie bien après cette période incontournable et qui n’en sont pas moins passionnées ! Ce n’est donc pas si simple… Heureusement dirais-je !Cela me rappelle cette période de ma jeunesse (après mes 16 ans justement) où j’ai commencé à prendre conscience de mon manque d’ouverture sur tout et à comprendre que j’étais pétri de mauvaises habitudes dont je subissais les désagréments. J’avais grandi avec un certain nombre de croyances très à la mode dans mon entourage, que j’avais adoptées à mon insu, mais qui n’avaient pas le moindre sens ! Voici un exemple simpliste, mais significatif : « Il ne faut pas se lever du pied gauche, cela porte malheur. ». Alors que ma nature de gaucher me poussait naturellement à poser en premier le pied gauche par terre au lever, je me voyais contraint de réfléchir chaque jour à poser le pied droit en premier… à cause d’un dicton !! Quelle libération de comprendre un jour que je pouvais me lever du pied gauche, sans avoir peur de passer une journée pourrie ! Ce fut la révélation d’être un homme LIBRE et le début d’une vie entière de travail pour me « déshabituer » des valeurs sclérosantes qu’on nous inculque étant petit et que l’on perpétue, sans même s’en rendre compte souvent. Grâce à cette première journée commencée par le pied gauche, j’ai pu voir qu’effectivement ce fameux dicton ne valait rien, mais surtout j’ai commencé à travailler sur toutes les autres idées reçues que j’avais glanées depuis mon plus jeune âge.

Alors oui, certes « Tout se joue avant 16 ans », mais le meilleur reste en fait à venir ! Nous devons fuir nos habitudes et nos préjugés de toutes nos forces, car c’est le prix de notre liberté et de notre bonheur ! C’est ainsi que l’on peut enfin se sentir exister. Autrement dit, la théorie de la construction entre 0 et 16 ans n’est valable à mes yeux que si celle-ci n’est pas une fin en soi. Osons prendre notre vie en main ! Osons donner leur chance à nos rêves les plus fous !

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Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

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9 commentaires

  1. Très belle article, qui nous montre que rien n’est vraiment définitif, et que finalement la base est importante mais nous sommes comme le bon vin, nous nous bonifions avec l’âge. Carl Valentin

  2. J’ai bien connu le professeur Renélys (René Lachâtre) qui était mon voisin de palier en 1969.
    C’était une personne très sympathique qui animait je crois au casino de Cauterets(si mes souvenirs sont exacts).

  3. Bonjour,
    Je lis votre site et je doit dire que moi aussi j’ai bien connu Renélys.
    Il passait tout ses étés à CAUTERETS (65) et dans l’enceinte du casino il présentait ses tours de magie. Les gamins fourmillaient autour de lui et j’en faisais parti.
    Il donnait deux représentations l’une à partir de 11 h 00 et l’après-midi à partir de 17 h 00.
    Le nom de RENELYS, il l’avait pris de son prénom RENE et il avait accolé le mot de LYS qu’il l’avait emprunté à l’un des sommets de CAUTERETS, le sommet du LYS. il était amoureux de ces montagnes.
    Il repose d’ailleurs dans le cimetière communal de CAUTERETS.
    Chaque été, je ne manque pas d’aller me recueillir sur sa tombe qui est, malheureusement plus ou moins entretenue. Sur le granit, il y a une photo de lui prise sur son stand à CAUTERETS et on le voit entouré de gamins.
    Que de souvenirs. PAIX A SON AME.

  4. Bonjour Dominique, moi aussi j’ai connu Renélys quand l’étais enfant et que je rentrais de l’école. Il venait plusieurs fois par an avec son stand Porte de Champerret. Sur une table, il faisait des tours de cartes et autres exercices d’illusionnisme qui nous fascinaient. Petit à petit, je passais de plus en plus de temps à le regarder. J’avais compris certains de ses trucs mais je n’ai jamais osé le lui dire. Il vendait un petit livret qu’il avait écrit sur lequel étaient divulgués un certain nombre de tours, accompagné de quelques accessoires permettant d’épater les amis. Ce livret de couleur saumon s’intitulait : « Cartes et illusions, devenez facilement prestidigitateur », il était signé « Professeur Renélys ». Ce monsieur s’appelait René Lachartre. Il était originaire d’Afrique du Nord, certainement un rapatrié, et il avait un fort accent pied-noir. C’était un grand gaillard à cheveux blancs un peu enrobé d’une soixantaine d’années. Dans sa présentation, toujours la même chaque jour, il exhibait sa carte professionnelle d’artiste et expliquait que chaque été, il donnait des spectacles au casino de Cauterets dans les Pyrénées. Il habitait dans le quatorzième arrondissement de Paris, son adresse et son téléphone étaient écrits sur le petit livret. Sur sa table, on trouvait de part et d’autre deux coffrets en bois dans lesquels il rangeait ses accessoires et les objets et livres qu’il vendait. Il passait de l’un à l’autre en laissant bruyamment retomber les couvercles. Il était très attentif au comportement de son public et éjectait sans ménagement ceux qu’il appelait les frotteurs ou les indésirables. Il vendait aussi sur demande le fameux dé magique de Louis Prinsart.

    1. Je m ‘appelle Jean Marc, quelle émotion et surprise de lire les témoin âges sur Renelys
      Étant enfant, j ai pratiqué au moins 3 années de cure à cauterets et le spectacle quotidien de magie était ma récompense d’avoir été sage en fin d après midi.
      Je me suis rendu sur sa tombe en 2017 et sur la photo un petit garçon envoûté par le magicien, image absolument fidèle de ce que je vivais
      J avais acheté le tour de la pie dans les boîtes et le petit sac, je l ai perdu mais jamais je n ai divulgué le secret à mes proches
      Âgé de 63 ans, je continue à regarder les numéros de magie avec un regard d enfant
      Merci à renelys

  5. super magicien qui présentais ces tours
    de magie sur les grands boulevards il
    avais sa voiture avec une grosse baguette
    magique sur le toit

  6. Oui moi aussi je l’ ai connu sur les grands boulevards de Paris . Il s’ installait devant la poste au métro Bonne Nouvelle ; je lui ai acheté les cartes et surtout sa boîte gigogne en ferraille ( à l époque ) que j’ ai toujours aujourd’ hui .C’ était 15 francs et à chaque démonstration, il en vendait 4 ou 5 environ .Il semblait aisé financièrement, sa voiture était garé à proximité, car ses ventes de tours aux passants devaient rapporter plus que ses spectacles .Il interpellait ses auditeurs :  » si vous n’ avez pas d’ argent, allez laver ma voiture « ,  » si mes tours ne marchent pas, vous pourrez toujours aller me casser les carreaux de ma maison « ,et surtout pour son tour favori, sa boîte gigogne ( appelé aujourd’ hui boîte de Renelys ) :  » je l’ ai fais un jour à un curé, le lendemain il n’ a pas dit la messe  » .Un magicien et surtout un camelot hors norme .

    1. Mon grand père Renélys n’était pas aisé financièrement. Il occupait une « chambre de bonnes ». Durant des années, ma mère (sa fille) dormait sous la table à manger, près du lit de mon grand père. En revanche, il était riche de sa passion pour la magie et le sens du spectacle. Il était riche du bonheur que lui rendaient les enfants et leurs parents qui regardaient ses tours.

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