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Comment ne pas perdre ses moyens en public ?

Nicolas Adell :  » Lorsque vous faites choisir une carte librement à un spectateur, vous est-il déjà arrivé de perdre le contrôle de celle-ci au cours d’un spectacle? comment réagissez-vous face à cela ? Si non, que prévoyez-vous dans ces cas là ? »

Pour répondre point par point à ta question, non je n’ai jamais perdu le contrôle d’une carte choisie librement lors d’un de mes spectacles. Heureusement, non ? Du coup, avec cette première question, tu me fais passer pour un mec incroyable dans le mauvais sens du terme : sûr de lui, qui se la pète et je ne t’en remercie pas ! (LOL). Cela dit, je considère que c’est un minimum de ne pas perdre le contrôle d’une carte choisie lorsqu’on est professionnel depuis des lustres comme moi… L’erreur, même si elle est humaine, a des limites. Par contre, dans mes jeunes années, avant de devenir l’être à la fois tant aimé par certains et détesté par d’autres (oui certaines personnes semblent ne pas avoir mieux à faire pour occuper leur temps que de me chercher des poux dans la tête), je me compliquais tellement la vie avec des techniques complexes (et souvent inutiles) que je me retrouvais parfois à la limite de la situation que tu évoques. Donc je comprends très bien ton problème qui peut arriver facilement ! Pour l’éviter, il faut bien sûr travailler comme un fou pour être parfaitement à l’aise et parfaitement entraîné. Mais il faut aussi réfléchir à la raison pour laquelle tu peux te retrouver dans cette situation plus que délicate… Quand on bosse dans son coin comme un âne (quoi que peu d’ânes s’entraînent à la cartomagie, mais dans le propos qui nous tient en haleine, c’est possible !), on a tendance à négliger un paramètre essentiel : le trac et le stress qui envahissent nos mains dès lors que l’on se retrouve devant un vrai public. Face à lui, l’adrénaline vient s’abattre sur notre corps, comme la misère sur le monde ! Et pour combattre ce phénomène incontournable, une seule solution (outre un travail acharné en amont) : ne montrer QUE des choses que l’on peut maîtriser parfaitement. Donc, toutes les techniques alambiquées façon « « Marlo » par exemple sont à prohiber, selon moi… Pour épater quelques potes magicos, pourquoi pas… mais cela ne fonctionne pas top en conditions réelles ! Il ne faut jamais oublier que le public, par définition, n’est PAS indulgent à votre égard (je parle du vrai public bien sûr, pas de votre sœur, de votre mère ou de votre voisine qui vous fait de l’oeil). Le vrai public vous teste sans cesse et ne veut pas votre bien a priori ! Il veut vous déstabiliser et c’est normal ! Une prestation en public, c’est comme un combat dont il ne faut qu’un seul vainqueur : VOUS ! En fait, pour bien répondre à ta question, on pourrait écrire un livre entier, ce qui n’est pas le but ici… Alors pour résumer : il ne faut présenter en public QUE des choses que vous connaissez au point de pouvoir les effectuer sans y réfléchir du tout !!! Le secret, c’est de connaître sa partition au-delà de toute déstabilisation possible.

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Dominique Duvivier

♣️ Magicien. ♦️ Maître de l’art du #CloseUp. ♥️ Créateur de tours et professeur. ♠️ Fondateur @ledoublefond et directeur de Mayette Magie.

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4 commentaires

  1. Le 17 mars et le 30 mars je vais me produire devant un Vrai public!!
    J’avoue que j’appréhende énormément… Les « quelques » conseils que vous venez de nous prodiguer vont m’être très utile!!!
    Je compte très certainement participer a la conférence Mayol le 11 Mars afin de pouvoir glaner encore plus de conseil!

  2. Ce que vous dites est tellement vrai que ça devrait en être évident.
    Et pourtant, il aura fallu que je me décide à travailler « sérieusement » ma magie pour en prendre réellement conscience.
    Ceci me fait dire, mais je me trompe peut-être, qu’on ne comprend le besoin de maitriser sa partition qu’à partir du moment ou l’on décide de pratiquer sérieusement son instrument. Avant, on le sait… mais cela reste une connaissance, un savoir non mis en œuvre.
    C’est sans doute là que se situe la limite entre « l’amateur » et le « professionnel », et par extension, je me demande si…
    Hmmm… Alors pour essayer d’exprimer clairement ma question « alambiquée » je dirai:
    Devient-on pro parce qu’on a décidé de maitriser sa partition ou maitrise-t-on sa partition parce que l’on est pro et que du coup c’est la moindre de choses que de la bien connaitre?
    Je sais c’est tordu mais… c’est un vraie question.
    est-ce la maitrise qui fait le pro ou est-ce le pro qui fait la maitrise?
    J’ai ma réponse qui m’est « apparue » (une apparition, c’est magique hein? 😉 )récemment. Mais j’aimerai, si vous pouviez y consentir, connaitre la vôtre.
    Merci 🙂

  3. Après plusieurs mois d’absence, et malgré vos conseils avisés et le plaisir que j’ai à vous lire, une de vos phrases me dérange :
    « Une prestation en public, c’est comme un combat dont il ne faut qu’un seul vainqueur : VOUS ! »
    Ne serait-ce pas plutôt comme un Tango où le magicien serait le meneur de cette danse difficile et à l’équilibre élégant, et dont TOUT LE MONDE sortirait grandi ? (le magicien pour avoir réussi, et le public pour avoir rêvé)
    Au plaisir de vous lire 😉

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